Après mon teasing de fou de lundi, je suis partie diner avec des potes...
Des potes qui étaient en mode : « vas-y qu’est ce que les femmes attendent de nous ? »
J’ai englouti un bout de steak salade, et répondu : « bah que vous soyez des hommes.. Des vrais !! »
Mon pote avait la tête d’un enfant de 4 ans qui ne comprenait pas qu’on lui dise qu’il ne faut pas s’approcher du lion au zoo alors qu’il a vu Simba 10 fois et qu’il croyait qu’ils étaient BFF et m’a dit : « Bah si vous vous voulez qu’on soit des hommes pourquoi vous voulez nous habiller comme des filles ?? » Flashback : je l’ai ramené le week end dernier en shopping et je l’ai ENFIN convaincu de mettre des jeans slim..
Et à sa réponse je me suis dis : "He got a point !"
Mais, être un homme n’est pas une manière de s’habiller, être un homme est un concept..
Et ça m’a rappelé cette discussion que j’ai eu avec mon père, on était partis voir un match Widad FUS , j’avais 10 ans, papa est un Rajaoui de souche , mais il a cédé à mes tentatives et à mes cris et m’a emmené dans un stade (à condition que je repasse ses chemises pendant 3 mois, bah quoi.. il m’a aussi appris l’esclavage)
Donc, match Casa-Rabat, j’ai entendu les plus grosses insultes de mon jeune âge, à un moment mon père ma tiré par les oreilles, m’a dit "on se barre", j’ai dit "mais attend on va marquer un but", il a dit "tu bouges ou je te marque" (ah mon père m’a toujours aimé fort)
Je suis sortie choquée. Je ne comprenais pas que les hommes s’insultent de la sorte, et le lien entre marquer un but, et « faire quelque ça ta mère » est toujours resté abstrait pour moi…) j’ai dit à papa : "c’est normal, c’est parce qu’il n’y’a que des hommes dans les stades !"
Il m’a regardé, avec cet air qu’il prend quand il va me donner un vrai conseil de la vie : « ma fille, on est tous des mâles, on n’est pas tous des hommes pour autant.. »
Je n’ai pas compris sur le coup ; il m’a offert une glace vanille et l’épisode du stade et des mâles était oublié.
Des années après, la phrase de mon père a pris tout son sens au premier mec qui m’a tiré les cheveux parce que j’ai refusé de le laisser copier ma feuille, à celui qui m’a jeté un œuf sur la tête un jour de zemzem alors que je lui demandais de me cacher, celui qui m’a largué pour draguer ma copine, celui qui m’a largué par texto, celui qui m’a toujours pas largué d’ailleurs (depuis le collège tiens , je devrai arrêter d’attendre...), celui qui a préféré m’envoyer sa mère pour me dire qu’il part vivre au canada et qu’il épousera sa cousine Hlima, celui qui a pris mon idée au taf et la prime qui va avec ….
J’ai compris que oui, tous étaient des mâles, mais tous n’étaient pas des hommes…
Et ce qui fait la différence entre un mâle et un homme ce n’est pas comment il s’habille, comment il nous parle, ce qu’il nous offre, ou nous paie,
Pas son compte en banque, pas sa capacité à cracher fort, conduire la plus grosse caisse, se battre ou avoir le pouvoir.
Ce qui fait la différence entre un mâle et un homme, c’est la capacité à nous faire sentir en sécurité ou pas…
La capacité à nous respecter parce que c’est par cette voie qu’il se respecte
Sa capacité à taper dans le mur quand il a l’option de taper dans quelqu’un
Son aptitude à nous dire dans les yeux : « c’est fini, je suis désolé » au lieu de : « le problème c’est moi ce n’est pas toi… »
Sa capacité non pas à nous compléter (parce qu’on n’est pas incomplète voyez vous…) mais à nous pousser vers le haut
On ne cherche pas d’homme parfait, parce que le mec parfait n’existe pas (et s’il existait on se fera tellement chier à être avec lui) et que nous ne sommes pas des femmes parfaites
On cherche la sécurité
Pas la sécurité de l’emploi
La sécurité de savoir que quoiqu’il arrive, on a un homme à côté sur qui on pourra compter, un homme assez sûr de sa masculinité pour porter des chemises roses, pour nous porter mais surtout pour se laisser porter par nous.
Ce qu’on attend de vous messieurs est très simple :
Franchissez la barrière entre l’homme et le mâle…
Une marocaine parmi tant d’autres...